Ce carougeois devenu cardinal était fils de Jacques Mermillod et de Pernette Mégard, mariés à Compesières le 5 mars 1824. Son grand-père Claude Mermillod est le seul des quatre grands-parents qui ne soit pas de Bardonnex, il venait de Musiège (mort à Bardonnex en 1822). Ses grands parents maternels étaient tous deux des Mégard, Pierre et Claudine, lointains cousins, décédés en 1831 et 1838.
Sa mère est la dernière de huit enfants, dont semble-t-il seulement quatre sont devenus adultes. Ses deux oncles Louis et Jacques sont les derniers Mégard à avoir habité à Bardonnex. Ils étaient cultivateurs, et sont restés célibataires. Son oncle Jacques est dit aussi charpentier, mais il était infirme, “atteint de faiblesse d’esprit et même d’entendement“ [1].
L’une des sœurs de son père était bénédictine, près d’Arras en France [2].
Ses parents ont émigré à Carouge, comme beaucoup d’autres à cette époque. Ils tenaient une boulangerie ouvrant sur la rue Ancienne (numéros 87 et 89) et sur la rue Caroline (numéro 11, nouvellement rue Jacques Dalphin).
Gaspard est l’aîné de six enfants nés entre 1824 et 1837. Claude et Marie nés en 1830 sont jumeaux. Quatre n’auront pas de descendance [3]. Sa sœur Jenny, la seconde née, est mariée à M. Grâce et elle a deux filles, elle sera la légataire universelle de Gaspard.
Après son collège
à Carouge, il suit le petit séminaire de Chambéry, puit
étudie à Fribourg où il est ordonné prêtre en
1847. Il est alors nommé vicaire de l’unique paroisse (catholique)
de Genève, puis en 1864 évêque auxiliaire de Genève.
En 1883, Léon XIII le nomme évêque de Lausanne et
Genève, avec résidence à Fribourg.
Fondateur en 1889 d'une
université catholique à Fribourg, il accéda au cardinalat
en 1890 et fut appelé à Rome, où il décéda
en 1892. Il devint le second cardinal suisse
[4].
Sur les conseils de son ami R.
de La Tour du Pin Chambly, il créa l'Union catholique d'études
sociales de Fribourg (1884), où il poursuivit sa lutte d'ardent
défenseur des idéaux du catholicisme social, élaborant une
doctrine qui fut reprise par Léon XIII dans son encyclique "Rerum
novarum" (1891).
Quelques informations et extraits de l’article de Philippe Chenaux paru en 1991 [5].
Gaspard aurait « rêvé depuis l’âge de cinq ans la conversion de Genève ».
Sa nomination comme curé à Genève se fit en pleine guerre du Sonderbund. Pour défendre les intérêts des catholiques de Genève, il fonde les Annales catholiques de Genève, revue mensuelle qui paraîtra pendant dix ans. Le Courrier de Genève, premier quotidien catholique de Suisse romande, lui succédera en 1868.
Quand le Grand Conseil genevois autorise la construction d’une église à Cornavin (la première église catholique construite au sein des murs de l’ancienne cité), il parcourt l’Europe entière en quête de fonds destiné à financer le nouvel édifice. Sa réputation d’orateur date de ces années-là.
Le ton monte ensuite entre les autorités genevoises et suisses et l’Église catholique, jusqu’à l’expulsion de l’évêque Mermillod du territoire de la Confédération par décret du gouvernement fédéral, le 11 février 1873. Il reste en exil en France voisine jusqu’à sa nomination comme évêque de Fribourg en 1883.
« Gaspard Mermillod fait partie de ces rares hommes d’Eglise qui au XIXe comprirent la détresse de la classe ouvrière et l’urgence pour les catholiques d’y porter remède. (…) Il prit des positions courageuses à l’occasion d’une grève qui avait désorganisé l’horlogerie genevoise. L’esprit chrétien seul est capable d’amener une solution entre le patron et l’ouvrier, clamait-il alors sans être toujours bien compris. Certains le regardèrent comme un dangereux socialiste. »
Les bières
"Cardinal" de Fribourg ont été nommées ainsi
dès 1890, en référence à l’accession de
Gaspard Mermillod au cardinalat !
Une information amusante : Gaspard fit l’acquisition, le 26 juin 1867, d'une montre de poche “Patek“, en or, pour la somme de 1370 francs [6].
Gaspard avait onze ans quand son oncle Louis s’est fait voler sa montre par un employé qu’il logeait depuis deux semaines et dont il ne connaissait que le prénom [7]. Il en a certainement entendu parler.
Dans une collection particulière se trouve l’anneau pastoral de « Mgr. Mermillod, évêque de Genève », par Thomas-Joseph Armand-Calliat, 1890. Or, topaze rose, émaux, nielle [8].
Gaspard Mermillod aurait dit : « Une
bonne guerre est préférable à une mauvaise paix ; d’une
part elle forcera l’ennemi à se démasquer, de l’autre
elle dévoilera la beauté de la vérité et lui vaudra
des conquêtes. »
Michel Mégard, 2003.
Notes
[1] AEG : notaire Joseph Marie Dechaulmontet, 25.7.1831, testament de Pierre Mégard le père de Jacques, Louis et Pernette.
[2] “Le cardinal Mermillod (1824-1892) : Entre la mémoire et l’oubli“, par Philippe Chenaux, Université de Genève, in Choisir, novembre 1991, p. 6-11.
[3] Conversation avec Jacques Delétraz.
[4] Après Mathieu Schiner au XVIème siècle et avant Charles Journet en 1965, Benno Gut en 1967, Hans-Urs von Balthasar en 1988, Henri Schwery en 1991, Gilberto Agustoni en 1994 et Georges Cottier en 2003.
[5] Philippe Chenaux, déjà cité.
[6] Montre
au musée « Patek Philippe », information
trouvée sur interet, avec les images. www.worldtempus.com/wt/1/2257.
Montre de poche, en or, savonnette à remontage au pendant avec
répétition à demi-quarts. Vendue le 26 juin 1867 à
Mgr Mermillod pour la somme de 1370 francs.
[7] Plainte déposée le 20.4.1835 (AEG :
[8] D. anneau 2,4 cm., L. châton 3,5 cm. Collection particulière. Photo Inventaire général E. Dessert © ADAGP, 1999. Exposition en 2000 et livre : L'orfèvrerie de Lyon et de Trévoux du XVe au XXe siècle, par Maryannick Chalabi et Marie-Reine Jazé-Charvolin, Paris: Editions du Patrimoine, 432 pages (Cahiers du Patrimoine ; n° 58).