La campagne genevoise est convertie
au protestantisme avec l’arrivée des bernois en 1536, aussi bien
Bardonnex que Versoix.
Antoine fils de Saturnin Mégard a grandi à Bardonnex dans
un contexte fortement dominé par l’administration bernoise et la
“religion prétendument réformée” : le
secrétaire du bailli. Jean Delamontagne, résidait
à Bardonnex.
Un ministre du culte officiait à
Compesières, qui accueillait aussi parfois le “consistoire” du
bailliage (tribunal des moeurs).
En 1567 “Leurs Excellences de Berne”
cèdent leurs conquêtes au duc de Savoie avec promesse de
laisser les gens pratiquer leur religion, mais le duc Charles-Emmanuel
est en guerre contre Genève dès 1589 et demande de
rétablir les curés dans les bailliages anciennement
bernois. “Peu à peu tous les habitants des bailliages revinrent
à la religion catholique et allèrent en masse abjurer
à Thonon” .
Il est certain que sur les quatres fils de Saturnin, au moins deux
quittèrent Bardonnex et conservèrent leur religion : on
retrouve tous les enfants d’Antoine à Versoix et son neveu
Thyvent communier à Russin. Quant à Jean fils de Pierre,
il semble être à Genève en 1607 pour baptiser sa
fille Pernette.
Le fils aîné, Jean, dut abjurer pour poursuivre
l’exploitation du domaine familial à Bardonnex (et certains de
ses descendants Mégard y vécurent jusqu’au milieu du XIXe
siècle).
Généalogie
simplifiée XVIe siècle
Les réfugiés protestants
affluèrent par milliers à Genève, surtout entre
1545 et 1560. Parmi eux, “des habitants des terres savoyardes proches
de Genève (cherchant) à se soustraire à la
recatholicisation des anciennes possessions bernoises. Mais il est
aussi possible qu’ils aient dû se replier sur Genève
à cause de la misère et du chômage qui
régnaient dans les campagnes à cette époque”
(Liliane Mottu, “La Réforme à Genève : aussi une
histoire de
réfugiés”, in Les Cahiers protestants
, juin 1986).
Guerre et peste
La guerre de 1589 a causé de grands troubles dans la
région. Des paysans s’étaient réfugiés
à Genève et ne pouvaient moissonner leurs blés que
pendant les trêves. Le pasteur Jean Du Perril témoigne :
“Le mardi 15e juillet l’ennemi non seulement brusla plusieurs bleds,
mais aussi blessa plusieurs personnes tant hommes que femmes qui
estoyent en la moisson de là Arve, emmena aussi quelques femmes
ou filles prisonnieres, tua aussi quelques enfants qui glanoyent”
(“Journal de la guerre de 1589”, SHAG 1952).
Un
autre témoin de l’époque note sur son carnet de route en
1595 : “Versoix est une petite ville, située au bord du lac,
détruite, il est vrai, dans les dernières guerres et
où n’habitent plus que misérables mendiants qui
rôdent dans le pays” (Jean-Pierre
Ferrier, "Histoire de Versoix"
, p.27).
De plus, la peste et les mauvaises récoltes se succèdent,
causant cherté et disettes .
Dès qu’il reprend possession des lieux, l’état savoyard
édicte des mesures contre la peste : “De la part de son altesse
et par commandement du seigneur juge maje de Gex, Ternier et Gaillard :
Sont faites iteratives inhibitions et défenses a tous, de
quelque estat quallite qu’ils soient, de ne hanter ny pratiquer aux
lieux infects de la contagion de peste (ni) commerser avec les
habitants et austres venant desdicts lieux. Et ce à peyne
d’estre séparés et reserrés pour six sepmaines et
de cinquante livres fortes contre un chescun contrevenant et du fouet
et bampnisement perpétuel contre les non solvables. (…)”
(septembre 1568).
On sait qu’en 1602 le duc de Savoie fit une dernière tentative
armée contre Genève.
En quoi tous ces évènements affectèrent
directement la famille Mégard et incitèrent les fils
cadets de Saturnin à quitter Bardonnex, il est très
difficile de le savoir.
Le 24 juillet 1589 un Antoine de Bardonnex (s’agit-il du même ?)
voit son fils Jean âgé de sept ans seulement mourir en
ville de Genève : Antoine est vraisemblablement passé
par Genève, il y est peut-être mort puisque lors de la
première mention de son fils aîné à Versoix,
il était déjà décédé. Vingt
et trente ans plus tard, nous retrouvons les quatre enfants d’Antoine
et sa femme à Versoix, terre alors protestante et riche de
possibilités.
En résumé : Face à la recatholicisation, à
la disette, à la guerre, les frères cadets de Jean
Mégard quittent Bardonnex. Les fils de l’un d’eux, Antoine,
s’établissent à Versoix vraisemblablement entre 1590 et
1607.
Généalogie simplifiée XVe et XVIe siècles :
aspects religieux